En bref

  • Crée en 1997
  • Initiative de 6 paroisses de Gand ;
  • Coupole d’associations d’inspiration chrétienne dans la région gantoise qui apportent un soutien matériel et social et qui accordent une voix aux personnes en situation de pauvreté

En peu d'histoire

Il y a entre 50 et 30 ans c’est dans la périphérie de Gand, que se trouvaient les quartiers les plus défavorisés. Les Paroisses locales ont décidé de s’attaquer à la problématique de la pauvreté. Elles ont ainsi commencé à apporter un soutien matériel et la distribution de colis alimentaires. C’est ainsi que 6 paroisses locales ont décidé d’œuvrer ensemble. En mars 1997 “ ‘Kerk aan de rand van de stad’ ‘KRAS’ vzw  (Eglise au confins de la ville)  a été fondée comme coupole d’organisations chrétiennes dans la région de Gand pour apporter une aide matérielle et sociale aux personnes en situation de pauvreté tout en leur donnant une voix au chapitre. Le vicaire du diocèse de Gand et ancien président de Caritas Vlaanderen, Luk De Geest, en a été le premier président.

Leur apport était double:

  • Partager le territoire de Gand de façon à ce que chaque paroisse couvre une partie du territoire et en assure la responsabilité du suivi.
  • Développer une vision orientée vers une formation des volontaires des associations partenaires : comment gérer la distribution de denrées alimentaires et de vêtements, l’assurance des volontaires etc.

Ces éléments ont été un incitant pour les nouvelles organisations à créer des collaborations avec KRAS.

Le soutien s’est ensuite élargi. En plus de l’aide matérielle, une place pour l’accueil et la rencontre a été créé, ainsi que l’accueil des personnes dans abri (surtout en hiver) et une participation active des personnes en situation de pauvreté au débat de societé.

A côté de son travail avec les personnes en situation de pauvreté, KRAS a eu aussi une action au niveau de l’influence générale. D’autres associations existantes, souvent sans background paroissial, se sont aussi orientées vers KRAS. C’était par exemple le cas de organisations de quartier actives dans le travail dans le secteur de la pauvreté comme à Sint-Denijs-Westrem ou le quartier « Bloemekenswijk », ainsi que la plus vieille organisation de lutte contre la pauvreté de Gand, les pères Franciscains.

L’action de KRAS a évolué avec le temps et ainsi sa dénomination a aussi évolué:  ‘Kerk aan de rand van de stad’ est devenu  ‘Kerk rond armoede in de stad’ (Eglise autour de la pauvreté dans la ville) et ensuite ‘Kring rond mensen in armoede in de stad’ (Cercle autour des personnes en pauvreté de la ville). L’ancrage paroissial ne se cache pas mais il est acquis que KRAS est ouvert à tout le monde.

Aujourd’hui Johan Witters et Karleen De Rijcke sont les seuls employés rémunérés de KRAS, dans la fonction d’assistant paroissial et de coordinateur. Ils représentent 18 structures, dont 14 asbl et 4 structures actives au sein d’une asbl paroissiale. De cela 4 ont des collaborateurs rémunérés. KRAS fonctionne avec 550 volontaires. Ils assurent ensemble 13000 suivis à Gand.

Huidige werking

L’organisation actuelle de KRAS s’articule autour de 5 axes :

  • KRAS offre des formations aux volontaires.
  • KRAS organise des moments d’échange sur les pratiques d’aide.
  • KRAS gère des projets thématiques propres : ex. Autour des soins à la personne, sujets médicaux, hygiène dentaire, soins des pieds (en collaboration avec la Haute Ecole « Arteveldehogeschool »), coiffure (en collaboration avec la formation de coiffure de l’enseignement provincial) .
  • KRAS contribue au lobby politique en collaboration avec Welzijnsschakels. KRAS fait partie de la réflexion communale. Des échevins sont régulièrement présents aux Assemblées générales de KRAS, à partir des besoins pour rester en permanence impliqués. Le groupe de travail “Beleidsparticipatie” cherche activement à collaborer avec la Ville. En ce moment ils se réunissent autour de la thématique du logement. Le groupe de travail qui a récemment changé de nom en  “KRASsertief” (KRASsertif) va porter des témoignages dans les écoles et associations autour de la pauvreté grâce à une dizaine de personnes, dont des experts formés en pauvreté des 5 structures.
  • KRAS participe dans des organes de concertation :
    • ‘AB+’: concertation autour de la lutte contre la pauvreté avec des représentants de la commune et des partenaires du terrain ;
    • Taskforce autour de la migration, taskforce sur le logement et l’accueil ;
    • Concertation avec la ville sur la thématique de la mobilité et de la santé :
    • Forum lutte contre la pauvreté ;
    • Réunions bilatérales semestrielles entre les services de la ville (entre autres avec le CPAS) sur des thématiques sociales ;
    • « Welzijnsoverleg » réunions (“bien-être”) de la Région Gent, lorsque il s’agit de la thématique de la pauvreté ;
    • Samenlevingsopbouw Gent (construction du vivre ensemble), project ‘Ieders stem telt’ (“chaque voix compte”)
    • Etc.

KRAS veille à tenir des réunions régulières en interne, que ce soit à l’occasion de son Conseil d’administration (toutes les 6 semaines) mais aussi lors de son assemblée générale qui se tient toutes les 6 semaines, au cours desquelles on ne débat pas uniquement des questions de gestion mais surtout on y donne la possibilité de discuter autour du contenu autour de thématiques telles que, par exemple, les banques alimentaires, le logement, la santé, la diversité, la présence de migration intra-européenne..

Caritas Hulpbetoon a soutenu Kras depuis les 4 dernières années pour un montant  de 47.600 euro (plan hiver),  16.500 euro ont été attribués au soutien de projets spécifiques.

Caritas Vlaanderen Johan Witters Eric Dirikx

Photo: Johan Witters et Eric Dirikx

Quelques témoignages

Johan Witters, assistant paroissial, raconte: “Jos* a des graves problèmes de santé, il est en reconnaissance de dette et isolé. Il y a deux semaines il a perdu sa mère. J’ai tissé un lien personnel avec lui. Je m’assieds à côté de lui pour lui parler, non pas pour parler mais pour l’écouter.  Lorsque sa mère était en stade terminal il m’a raconté sa vie. Jos était quelqu’un qui ne parlait à personne et qui ne regardait personne. Je l’ai vu évoluer et devenir une personne ouverte. Ici il se sent apprécié.”

“Frans* avait de graves problèmes de santé, des problèmes de paiement, et était depuis 10 ans sur une liste d’attente pour un logement social. Il est venu chercher des colis alimentaires au Open Plaats, il se rendait deux fois par semaine manger à De Sloep – Onze Thuis, les autres jours il allait manger chez Poverello. Dans aucun de ces endroits on connaissait sa situation de logement. Mais dans le cadre d’un projet nous avons invité les personnes à photographier leur situation de logement. Il était un des participants à ce projet. Le photographe et moi avons été choqués lorsque nous l’avons  rencontré chez lui ; j’ai vu de mes propres yeux dans quelles conditions impossibles Frans avait vécu pendant dix ans. Nous avons pris un rendez-vous et nous avons cherché l’appui du CPAS et d’un agence de logement social. Physiquement il n’était pas à même d’assurer l’entretien de son logement, et financièrement il ne pouvait pas se permettre d’aide pour le nettoyage. Alors qu’on était occupés à analyser sa situation, voilà qu’il y a un mois, un logement social s’est libéré pour lui.”

Volontaire et membre du Conseil d’Administration, Eric Dirikx témoigne : “en 2017 nous avons commencé le projet Théâtre  ‘Niet met grote woorden’ (« pas avec de grandes paroles »). Au début notre intention était de mettre en scène des poésies sur base des récits des personnes. Mais très vite nous avons constaté qu’on devant faire quelque choses  avec les talents des personnes. Il y avait Chris* qui faisait déjà du cabaret chez De Vieze Gasten, Joséphine* qui aimait danser, Maurice* qui écrivait des poésies, et Jeanne* qui chantait volontiers. Nous avons contacté un metteur en scène et nous avons créé un projet autour d’une pièce de théâtre. Nous avons donné des représentations publiques au printemps 2018 et de nouveau au printemps 2019. Ils ont reçu des « standing ovations ». c’était beau de voir comment les personnes ont évolué: au début ils n’étaient pas rassurés, le metteur en scène  venait de l’extérieur, la confiance a du s’installer.

Sous la direction de Ria Roosens le team a grandi pour devenir un groupe  participatif. Des amitiés sont nées, les gens sont devenus plus forts, ils racontaient avec brio aux journalistes locaux leur histoire, sans aucune honte, fiers du projet théâtre.”

* Noms d’emprunt

Caritas Hulpbetoon soutient le projet Logement KRAS

De Tinten asbl, une des associations membres de KRAS, louait une maison sur la Sint-Annaplein et donnait une partie en location. Mais De Tinten a atteint ses limites, en 2015 KRAS a pris la relève par une sorte de sous location : Kras ne prend pas en charge l’intégralité des couts de location. Par ce projet, la mise à disposition d’une adresse stable par KRAS contribue à aider pour d’autres démarches, telles qu’une prise en charge psychique, une adresse de domicile et de là la possibilité d’ouvrir un compte en banque.

KRAS met deux appartements à disposition : leur surface peut être modulable en cas de nécessité, selon qu’il s’agisse d’accueillir une famille ou une personne isolée. D’après Johan Witters: “il s’agit principalement d’une maison de transit permanente, mais dans la pratique les situations sont à ce point  sans issue, qu’il y a difficilement une solution définitive.” Lorsque la nécessité d’un logement est cruciale pour la personne bénéficiaire et qu’il y a la disponibilité, KRAS donne son autorisation. L’aide ne se limite pas à des biens matériels. Les locataires signent un contrat ou ils reçoivent une assistance plus large.

Johan Witters nous explique : “Actuellement une famille algérienne y habite, elle est menacée de perdre son titre de séjour. Les deux enfants sont fort affectés psychiquement par cette incertitude. La famille ne parle pas du tout néerlandais. Ils sont accompagnés par le groupe de travail « Vluchtelingen” (Refugiés), reçoivent de l’aide matérielle par De Sloep – Onze Thuis et un soutien juridique par De Tinten. Cette famille est depuis 13 ans en Belgique, et elle est arrivée dans la maison après une longue pérégrination. Les enfants sont nés ici. Ils ont demandé pour un retour volontaire. En Algérie, la mère de Monsieur possédait une grande maison, mais à son décès la famille a perdu la maison. L’Algérie n’a pas reconnu l’origine  de la famille et a refusé leur retour. Aujourd’hui notre gouvernement pousse à leur départ. En Algérie ils n’ont plus aucune source de revenu, les enfants ne parlent pas Algérien. Toutes les formes possibles de régularisation ont échoué. Monsieur est très compétent mais ne peut pas travailler de façon régulière.”

Focus sur certains projets

Intervention dans les transports publics pour les parents sans papiers qui ont des enfants scolarisés.

Ce projet a été développé dans toutes les structures partenaires, avec un focus sur  De Tinten, De Fontein et de Werkgroep Vluchtelingen.

Johan: “Nous avons déjà souvent reçu des appels de la part des parents sans papiers qui ont des enfants scolarisés. Les enfants ont droit à l’instruction mais cela ne s’avère pas toujours facile. Les accords gouvernementaux actuels précisent que les couts de transports pour ces enfants sont remboursés. Les parents ne réclament pas ce remboursement. La question ici est que les enfants lorsque ils sont trop petits ne peuvent pas être envoyés à l’école tous seuls. On s’imagine donc que, faute de moyens, souvent ils reçoivent une amende en conduisant  leur enfant à l’école sans payer le transport en commun. Nous souhaitons leur venir en aide par une caisse de solidarité qui prenne en charge les couts de leur abonnement de transport. A côté du problème de l’accessibilité à l’enseignement, la prise en charge des soins médicaux urgents représente aussi un problème. Les personnes ne se rendent pas chez le médecin..”

“A côté du soutien, nous menons aussi une action plus politique. Pour De Lijn si vous n’avez pas de domicile vous n’avez pas accès à un abonnement, vous devez donc utiliser des tickets de trajet unique, bien plus couteux. A côté de cela De Lijn néglige et ne propose qu’une offre limité de bus dans certains quartiers, parfois justement dans les quartiers ou il y a davantage de personnes en situation de pauvreté comme dans le quartier Moskou-Ledeberg.”

Projet pilote dans les écoles

Ce projet fonctionne grâce à six services de KRAS et la collaboration avec le CPAS.

Johan: “Nous recevons un budget du CPAS pour proposer des repas chauds aux enfants pour lesquels normalement nous n’avons pas de budget. Le but est de gagner la confiance des parents vis à vis du CPAS. Après un moment c’est le CPAS qui prend la relève. C’est ainsi que le CPAS et ses assistantes sociales gagnent leur accès dans les écoles.  Nous accordons beaucoup d’importance à cela car nous constatons que le soutien matériel et la défense de ses droits  (un revenu, des soins de santé,…) contribuent à maintenir les personnes en dehors de la pauvreté.”

Coupole de 18 associations dans la région gantoise

Photos: Karen Nachtergaele

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