En bref

  • Initiative de la paroisse
  • Welzijnsschakel
  • Fondée en 1998 à Roulers
  • Ils louent trois maisons à bas prix à des personnes en pauvreté
  • Ils collaborent avec les services sociaux d'accompagnement (CPAS, CAW, Elim, de Kerit, ...).

Historique

En 1995, le Pasteur de la paroisse Sainte Godelieve à Roeselare, Marc D’Hondt, a lancé un appel pour créer un nouveau “Welzijnsschakel”. Cet appel fut entendu par deux habitants du quartier, Luc et Fino Wouters-Tratsaert . Fino, qui apportait déjà son soutien aux Welzijnsschakels, a répondu avec son mari et d’autres volontaires à cet appel.  Au début,  ils ont organisé des activités pour le quartier, ont fait des visites de voisinage et établi des contacts avec les écoles. Mais, en cours de route, ils se sont demandés comment faire plus que répondre à des demandes d’aide ponctuelles : ils voulaient apporter de l’aide durable et structurée et cherchaient une façon de répondre à la problématique du logement.

Des initiatives semblables telles que ’t Huizeke  à Assebroek, HP Recht op Wonen à Izegem et  Zonnebloem (une initiative personnelle du pasteur D’Hondt) existaient déjà en Flandre Occidentale. De Welzijnsschakel de Roeselare prit donc contact avec elles et décida de faire quelque chose de semblable. C’est ainsi qu’en 1998 l’asbl ’t Huis-Werk fut créé.

Les personnes à la tête de la nouvelle asbl ont décidé de louer des habitations pour ensuite les sous-louer, mais décidèrent aussi d’avoir leurs propres logements afin d’être moins dépendants de la collaboration qui peinait à se mettre en route avec les propriétaires. A ce jour, ils ont mis un logement à disposition d’environ 40 personnes.

Caritas Vlaanderen soutient 't Huis-Werk par des subventions de projets.

Travail au quotidien

Aujourd’hui, la ’t Huis-Werk est gerée par un comité de cinq personnes: à coté de Luc Wouters œuvrent Marc Reuse, Greta Gryspeerdt, Geert Decoutere et Tom Dutry. À leur côté ils peuvent compter sur une dizaine de volontaires réguliers et quelques volontaires ponctuels de ce « Welzijnsschakel » et de ceux des environs. Chacun peut y apporter ses propres  talents. Par exemple, Tom travaille chez « Samenlevingsopbouw » sur la politique du logement, Simonne est experte dans la confection de rideaux, Marcel est un  maçon professionnel, Marc  quant à lui est expert en menuiserie et peut adapter des meubles. Ils travaillent ensemble avec des hommes de métier (architectes, plombier, ébéniste…). “Les normes et les exigences techniques sont devenues beaucoup plus strictes”, explique Luc  “dans la première maison c’est moi qui avait installé l’électricité, mais aujourd’hui cela ne serait plus possible. Les corps de métier nous facturent un tarif honnête. Ils savent l’objectif de notre action. Nous nous limitons à la finition: carrelage, revêtement du sol, plafonnage, pose d’isolation, peinture, tapissage, accrochage de rideaux, … .”

“Nous avons pu acheter notre premier logement en 1999, à l’époque pour 25.000 euro. Mais il fallait y faire beaucoup. Grace à nos connaissances nous avons récolté des fonds, avec un subside complémentaire nous avons pu rénover l’habitation. Nous avons rénové pendant quelques mois : nous avons démoli l’espace arrière et nous y avons construit un nouvel espace avec une cuisine, installé une nouvelle installation électrique etc. en ce moment nous avons trois logements. Notre choix se porte pour des habitations dans le centre-ville afin de garder l’accessibilité des magasins et services pour les locataires.”

“Lorsque nous avons un logement à louer nous le faisons savoir aux services sociaux: le CPAS, CAW Vluchthuis, Onthaalgroep Elim, de Kerit, de Woondienst regio Roeselare, … . en précisant le nombre de personnes pour lesquelles le logement est adapté. Lorsque nous recevons un nombre suffisant de demandes de leur part, nous prenons la décision sur base de critères établis : quelle est la situation de la famille ? Est-ce que ce logement leur offrirait des perspectives futures ? Quel est le besoin réel de logement de la famille ? Quelle est leur situation financière ?

La plupart des fois nous recevons entre 10 à 15 candidatures, toutes avec une demande d’aide pertinente, mais nous ne pouvons accueillir qu’une famille. Lorsque nous avons fait notre choix, la famille peut venir voir le logement. Lorsque il y a accord, nous proposons un contrat d’un an. Nous évaluons ensuite la location et dans le cas d’une évaluation positive (quelle est la qualité de leur entretien du bien, qu’en est-il du respect des conditions du bail…) nous prolongeons le contrat. Une des conditions que nous posons est que la famille s’inscrive dès le début dans une agence de logement social. Nos logements servent comme solution temporaire jusqu’au moment où on trouve un logement soit social soit dans le privé.

“La plupart des fois ces familles ont connu une longue période de logement problématique: d’une maison de transit à des studios avec une famille entière, des problèmes avec les propriétaires, … . Il y a parfois des familles qui présentent des problèmes multiples : relations instables, problèmes de santé mentale, un surendettement, une addiction, la toxicomanie, … . Ils arrivent difficilement à sortir du cercle vicieux. Parfois il s’agit de personnes qui, uniquement à cause de leur situation, n’ont pas accès au marché immobilier privé (famille monoparentale, origine étrangère, personne au chômage,…) . C’est une question de pouvoir se relever. Nous leur offrons en premier lieu un logement décent pour un loyer raisonnable. Nous essayons d’être un  bailleur concerné par leurs difficultés, mais nous laissons l’accompagnement réel aux services professionnels.

“Pour notre action,  nous devons nous baser sur les rentrées de nos loyers modérés, cela ne suffit pas pour mener à bien le travail. Entre deux locations, il faut prévoir une rénovation. Nous avons des crédits en cours : lorsque nous achetons une maison nous faisons un crédit privé à taux très faible. Heureusement nous trouvons des personnes qui croient dans notre projet et qui nous apportent leur soutien. Nous devons aussi passer par des appels de fonds. Nous recevons un soutien de Caritas Hulpbetoon, de services clubs locaux, des  « Welzijnszorg », des dons réguliers des particuliers, d’une congrégation ou d’une école. Notre vente de  chrysanthèmes à la Toussaint est devenue un must dans la ville. Nous organisons diverses manifestations de récolte de fonds.”

Caritas Vlaanderen 't Huiswerk

Photo: Luc Wouters et Fino Tratsaert de 't Huis-Werk

Quelques témoignages

“Else* était confrontée à un divorce, son mari était dans le circuit de la drogue. Elle était locataire chez nous mais faisait des séjours en prison. Pendant ces périodes, les enfants vivaient seuls. La porte d’entrée fut deux fois défoncée, la maison présentait des traces conséquentes de violence. Nous l’avons accompagnée plusieurs fois au CPAS car elle semblait avoir des difficultés à comprendre le message de l’assistant social. Nous avons vu la situation déraper et nous avons insisté afin qu’elle prenne contact avec le  CAW, mais après deux sessions elle en est resté là. Les entretiens allaient trop vite pour elle. Nous avons attendu qu’elle trouve une autre solution d’hébergement, lorsque elle a pu s’installer chez une amie, nous n’avons pas prolongé son bail. Nous avons dû vendre la maison tellement elle était devenue inhabitable. Certaines personnes ont reçu trop peu d’  aptitudes pour arriver à garder la tête hors de l’eau.”

“Arne* avait un psychique très lourd et avait une forte dépendance à la drogue. Lorsque il a été admis dans une institution psychiatrique, un de ses amis a habité la maison à son nom. Face à cette situation chaotique nous n’avons pas prolongé le bail. Peu après, nous avons appris le décès de Arne.”

“Nous voulons surtout éviter que les personnes ne s’installent et finissent par ne plus chercher d’autre alternative : une famille a refusé deux fois un logement proposé par l’agence de logement social. À la fin du bail, nous leur avons accordé une prolongation afin qu’elle trouve un logement sur le marché privé.”

Luc raconte : “Gerd* se laissait aller, après que sa copine l’avait laissé tomber. Il a negligé ses rendez-vous au CPAS, ses allocations ont été réduites. J’ai décidé de l’accompagner au service sociaI pour remettre les choses en ordre. Finalement il a rencontré une nouvelle personne qui l’a remis sur le bon chemin. Il avait un retard de loyer chez nous mais nous avons trouvé un compromis pour purger sa dette. Il habite à présent chez cette femme.”

“Les moments de soutien proposés par les services sociaux sont parfois trop espacés les uns des autres. Les week-end ils ne sont pas accessibles. Cela pose problème avec ce type de public.”

“Lorsque Mariette* et Julien* ont emménagé ici, le petit jardin n’était pas fini. Ils se sont engagés à le mettre en ordre, et en effet, quelques mois après, ils nous ont invité à visiter leur jardin avec ses parterres tout en fleur. Ils étaient fortement endettés. Avec l’accompagnement opportun des services sociaux et du Pasteur D’Hondt, leur finances se sont remises en ordre en quelques années, et après 5 ans ils ont eu droit à un logement social. Cette maison a été pour eux le début d’une nouvelle vie.

En particulier, nous remarquons que les étrangers ont le plus de difficultés à acceder au marché immobilier normal même une fois qu’ils ont leur reconnaissance de statut. La situation n’est surement pas prête de s’améliorer : le marché locatif privé est trop cher. Les CPAS aussi sont parfois confronté à un dilemme: lorsque ils donnent la garantie locative, les personnes ne peuvent pas payer de loyer avec cette somme et sont donc de retour au CPAS après quelques mois.

*  Nom fictif

En pratique

’t Huis-Werk a.s.b.l.Caritas Vlaanderen 't Huis-Werk
Honzebroekstraat 19
8800 Roulers
Google maps
https://vzwthuis-werk.be/

Personne de contact :
Marc Reuse T +32(0) 471 718754
Luc Wouters T +32(0) 473 742950